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Manifeste en français

Entête français

Nous sommes à l’heure du choix

Nous, acteurs sociaux, éducateurs, créateurs, voulons-nous perpétuer un système scolaire si souvent destructeur des intelligences autant que des personnes, adultes comme enfants ? Voulons-nous maintenir en l’état des pratiques pédagogiques inchangées, des contenus d’enseignements immuables, une évaluation-sélection héritée d’un autre temps ? Non.

La dimension d’utopie est la pierre angulaire des propositions pour l’École et la formation que nous faisons.

Le pédagogue est condamné à l’utopie

Porter l’espérance, croire en l’avenir n’est pas affaire de vertu, mais d’intelligence sociale et de courage. Nous décentrer, surseoir à la violence, cultiver l’empathie, construire des espaces pour penser et agir ensemble, être vigilants face aux mots et à leurs usages, construire de l’individuel au sein des collectifs, débattre, sont les ferments de notre engagement.

Sans une École qui autorise et permet à tous les enfants et adultes de nos pays de construire un avenir commun et digne — sans une école qui cherche vraiment à se transformer — aucune issue durable n’est politiquement, ni humainement possible. La partie n’est pas facile, mais elle est déjà largement engagée. De multiples pratiques en attestent en France et dans le monde.

Lhumanité est UNE. Sa diversité est sa richesse. Le Tous capables doit guider notre action éducatrice et citoyenne.

Des constats

Tout est dit, mais rien n’est fait

Des injonctions paradoxales

Nous sommes les héritiers d’un contrat social tacite. Il confère à l’École la double mission :

– d’éduquer et instruire tous les enfants.

– d’organiser, dans le même temps, la société en triant ces mêmes enfants.

Nous, acteurs de l’École, souffrons de cette schizophrénie. Elle nous empêche d’accomplir notre mission d’éducation. Diagnostiquée par la recherche en éducation, cette situation perdure par la force des coutumes scolaires.

L’École est devenue une institution qui, paradoxalement, a besoin de l’échec pour fonctionner. Qualification et disqualification sont associées comme les deux faces d’une même pièce de monnaie. Sans disqualification des uns, pas de qualification des autres.

L’École a inventé et développe de plus en plus une multitude de médications et de dispositifs pour les maux qu’elle génère, mais ceux-ci restent inefficaces, et le mal, qu’elle est censée réparer, empire. Car les nouveaux métiers qui vivent de ces réparations ont eux aussi besoin de l’échec pour perdurer. Le cercle vicieux est en place.

Un enjeu central masqué

Entre les murs des écoles est ainsi « déposé » cet enjeu sociétal aussi central qu’inavouable : la sélection précoce des futurs exclus des « bonnes places sociales ». Ce tri est accepté parce qu’il apparaît comme légitime.

Une légitimité en question

Cette légitimité est construite socialement et pédagogiquement par le processus même des enfants mis en échec, qui intériorisent très tôt la conviction subjective qu’ils sont responsables de leur propre exclusion de certaines classes, filières ou écoles de prestige. Cette dévolution de la responsabilité a désormais gagné de nombreux parents d’élèves.

L’École réussit ainsi ce tour de force : faire que l’échec scolaire qu’elle produit soit in fine assumé par les élèves eux-mêmes et leurs parents. Mais aucun de ces acteurs n’a conscience de ce phénomène. Les parents d’élèves ont toute confiance dans les promesses faites par l’École.

Liberté, égalité, fraternité, ces valeurs annoncées par l’École sont bafouées par une sélection qui se drape d’arguments prétendument formateurs : « la nécessité d’une notation », « le bien-fondé de compétition », la punition. Ces arguments, en réalité, renforcent la ségrégation sociale en hiérarchisant les savoirs, les cultures et les êtres.

Lutter

On ne peut lutter contre un échec scolaire programmé, intrinsèque à l’École. De nombreuses pratiques scolaires, parce qu’elles sont en accord avec ce que préconise l’institution, servent ces dérives. Seuls de trop rares militants parviennent à résister à ce tourbillon ségrégateur. La désobéissance est alors inévitable.

Il est pourtant des pratiques non sélectives et des classes où l’on ne s’ennuie pas ! Où l’on n’a pas « mal à l’école » ! Où l’on a du plaisir à enseigner et à apprendre. Mais leur succès ne pouvant que faire s’écrouler le système, celui-ci ne peut les valoriser et encore moins les intégrer. Ces expériences réjouissantes demeurent ainsi trop marginales pour se diffuser largement.

Pour les mêmes raisons, la recherche des mouvements pédagogiques éprouvant une école sans exclusion et théorisant leurs expériences, leurs réussites est dévalorisée systématiquement et leurs mots sont repris, détournés et dénaturés. Comme toutes les expériences qui ébranlent trop le système. N’est pas mise en place, non plus, une formation des maîtres qui soit une formation de pédagogues, ces praticiens-chercheurs en alerte sur la société et proposant des « théories pratiques » pour éduquer en fonction des besoins de leur lieu de travail.  Ce qui prive l’École de précieux modèles d’intelligibilité de l’action éducative.

Il est urgent du point de vue de la démocratie de repenser le contrat scolaire actuel, sauf à laisser disparaître l’École publique elle-même.

Déconstruire le présent, inventer l’avenir

Comprendre et décoder

pour pouvoir proposer

L’École a du mal à s’affranchir des conceptions qui ont prévalu et prévalent encore dans nos actuelles sociétés inégalitaires : l’exploitation de l’homme par l’homme, l’esclavagisme, les migrations non consenties, les autoritarismes de toutes sortes, les conflits, guerres et colonisations, le sexisme, le racisme, les ethnicisations, le refus de la pluralité des Histoires, la peur de « l’autre ».

Oser l’utopie est une condition nécessaire pour construire et reconstruire une société planétaire, libre et émancipée des errements du passé. Et d’abord à l’École où il s’agit de rompre avec des certitudes, des opinions et des croyances qui pèsent lourdement sur l’avenir des jeunes, et de les remplacer par des propositions plus émancipatrices.  

Nos utopies face à des conceptions et arguments qui ont la vie dure :

La croyance qu’il est impossible d’éviter les exclusions, discriminations et violences, régnant au sein même des institutions de la République.

Notre pari consiste plutôt à créer les conditions d’un brassage des cultures, d’une « créolisation » afin de faire émerger, par les récits de vie et l’histoire des déplacements humains, des formes nouvelles de productions (œuvres, récits et relations). Renouer ainsi les fils de l’histoire et construire ensemble un avenir à partager.

L’enfant pensé comme un être faible, mauvais, à corriger, à redresser, enclin à la paresse, incapable de jugement et que l’autorité, les punitions, et la « tolérance zéro » peuvent seules redresser.

Il est nécessaire de changer cette conception de l’enfant, notre rapport à l’école, à l’apprendre, à la culture ; permettre aux valeurs humanistes d’être transmises en même temps que le savoir ; travailler démocratiquement avec les citoyens de toute culture sans assignation identitaire, sans territoire de relégation, sans hiérarchisation.

– La fraternité confondue avec la compassion qui valorise l’aide au « défavorisé » et le soutient, renforçant et légitimant ainsi les inégalités. 

C’est en revanche dans la solidarité entre tous les acteurs engagés dans l’apprendre, que peut se construire la fraternité que les leçons de morale formelles ou informelles dispensées sans relâche empêchent de construire.

– « L’égalité des chances » prétendument garantie par l’École, est un mensonge social. Elle renforce un système injuste en confortant en chacun le sentiment qu’il « mérite » son sort. Elle interdit que l’on se plaigne ou que l’on exige, puisque « tout a été fait » pour donner à tous la chance de réussir ! Cette mystification repose sur le postulat que la réussite des uns et l’échec des autres s’expliquent par des « dons » reçus ou pas à la naissance ou par le mérite personnel.

Nous affirmons que ces représentations émanent d’une conception erronée du développement et de l’apprentissage. Et d’une difficulté à reconnaître que la réussite et l’échec sont un construit social. D’où l’urgence à analyser ensemble, de façon critique, les mécanismes de différenciation et de hiérarchisation sociale ; de (faire) comprendre les violences de classes à l’œuvre à l’école comme dans toutes les institutions, lesquelles favorisent la reproduction des inégalités.

La conception explicative de la transmission des savoirs, qui confie à l’intelligence du maître le soin de combler la distance séparant l’ignorant du savoir : elle valide et renforce l’inégalité conçue comme une évidence ; elle provoque l’abdication des dominés face aux savoirs qu’ils pensent ainsi inatteignables pour eux.

Tout au contraire, il nous faut miser sur la recherche et l’inventivité pédagogique pour créer une fraternité productrice d’émancipation ; sur l’intelligence collective entre les apprenants et tous les acteurs de l’École ; sur la solidarité au cœur même de l’acte d’apprentissage ; sur la capacité des enseignants à mettre en place des dispositifs permettant à chacun de réussir ensemble.

– Le « savoir-être », nouvel habillage de la normalisation. Il conforme l’apprenant en un élève idéalisé, « naturellement » ponctuel, assidu, impliqué, participant spontanément à la vie de l’établissement, et « par chance » dénué de tout esprit critique !
À l’opposé, nous voulons construire un espace de pensée et d’action où le questionnement fait émerger l’étonnement, la curiosité, le plaisir d’apprendre ensemble. La construction du sens est le moteur de tout apprentissage et vecteur d’émancipation individuelle et collective.

La conviction que la compétition est source de motivation, qu’elle encourage l’apprentissage, qu’elle justifie efforts et sacrifices, en séparant plaisir et travail.

Loin de tout formatage, nous voulons, par la coopération, réunir plaisir et travail, favoriser les découvertes, tenir compte de l’expérience de chacun, cultiver l’empathie.

– Le système de sélection qui, en orientant les activités des élèves vers la recherche de bonnes notes plutôt que vers celle de l’acquisition et la consolidation des savoirs, met en concurrence les apprenants et conduit à des impasses, tant pour les élèves issus des milieux les plus populaires que pour la démocratie elle-même.

– Il y a urgence à enfin distinguer contrôle et évaluation. À repenser l’évaluation, comme construction du sens, à partir de l’analyse des chemins parcourus et qui demeurent à parcourir ; à éveiller l’esprit critique ; créer des situations d’apprentissages qui permettent aux enseignants, parents et élèves d’éprouver le pouvoir formatif du travail mené dans un climat de confiance et sans peur du jugement ; apprécier et valoriser les efforts des apprenants.

Il est urgent maintenant, forts de ces prises de conscience et de ces convictions, de transformer nos constats et nos propositions en actes.

De l’ambition pour l’École

De l’utopie en actes

Pour tous, nous avons besoin d’une École, ambitieuse, de l’intelligence et de l’égalité.

Une École du raisonnable et du réalisme : appel à la raison face au gâchis humain actuel, appel au réalisme face aux savoirs et pratiques sur lesquels prendre appui pour y parvenir et grâce aux forces qui déjà s’expriment et ne demandent qu’à s’investir davantage dans cette utopie commune, sur le plan des apprentissages comme sur celui de la construction citoyenne.

Une École qui encourage et promeut curiosité, étonnement, humour, insolite, rencontres imprévues, création, bousculade intellectuelle, perturbation génératrice de nouvelles découvertes, assure la sécurité pour dépasser la peur, accepter le flou, l’incertitude plutôt que les dogmes et construire le désir d’apprendre, toujours, de se poser des questions, de les confronter à celles des autres, de résister à toutes les emprises.

Une École qui propose défis, problèmes à résoudre, difficultés à surmonter : ce qui mérite qu’on mobilise son énergie, son intelligence et son humanité, parce que l’effort est alors promesse de portes qui s’ouvrent, de dépassements inespérés, de connaissances renouvelées, d’habiletés ignorées, d’aventures inimaginées, d’émancipation devinée.

Une École qui ne hiérarchise pas les objets qu’elle enseigne, qui refuse le clivage manuel/intellectuel et sache au contraire mettre en valeur, dans chaque pratique, la pensée humaine à l’œuvre. Une école qui n’aseptise pas les savoirs au nom d’une supposée neutralité, mais qui éclaire les apprenants sur la nature polémique de toute rupture dans le champ de la pensée et du savoir.

Une École du partage des savoirs, de la joie d’apprendre et de construire ensemble, de mettre ses pas dans l’aventure de ceux qui nous ont précédé, de prendre place dans ce qui vient, le monde que l’on transforme et construit ensemble.

Une École du Tous capables qui postule et institue l’excellence de chacun par la coopération, l’entraide et l’exigence. Une École de l’égalité non de paroles, mais de fait.

Cette École ambitieuse de l’intelligence et de l’égalité, il est de notre responsabilité de la construire.

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Manifeste en polonais

Entête polonais

Pred nama je izbor

Da li mi, društveni akteri, prosvetni radnici i stvaraoci želimo da i dalje postoji školski sistem koji tako često, i kod dece i kod odraslih, uništava ličnost i inteligenciju? Da li želimo da održavamo nepromenjenu pedagošku praksu, istovetne nastavne sadržaje, evaluaciju-selekciju nasleđenu iz ranijih vremena? Ne. Utopijsko stanovište je kamen temeljac našeg prodloga za školu i obrazovanje 2017. godine.

Pedagogija je osuđena na utopiju

Polaganje nade i verovanje u budućnost nisu vrlina, već izraz društvene inteligencije i hrabrosti. Prihvatati tuđe mišljenje, obuzdavati nasilje, negovati empatiju, stvarati prostor za zajedničko razmišljanje i delovanje, biti oprezan sa rečima i njihovom upotrebom, stvarati individualnost u kolektivu, raspravljati – to su ideje vodilje našeg angažovanja.

Bez škole koja svakom detetu i odraslom u našim zemljama daje mogućnost i slobodu da izgrade zajedničku i dostojanstvenu budućnosti – bez škole koja pokušava da se istinski transformiše – nikakav trajni izlaz nije moguć u političkom i humanom smislu. Borba nije laka, ali je uveliko započeta. Mnoge aktivnosti u Francuskoj i u svetu to potvrđuju.

Čovečanstvo je JEDNO. Njegova različitost je njegovo bogatstvo. Naša obrazovna i građanska aktivnost mora se rukovoditi sloganom Svi su sposobni.

Činjenično stanje

Sve je rečeno, ali ništa nije učinjeno

Protivrečni zadaci

Mi smo nasledili jedan prećutni društveni sporazum, koji školi dodeljuje dvostruku ulogu:

– da vaspitava i obrazuje svu decu;

– da istovremeno organizuje društvo tako što vrši selekciju iste te dece.

Mi, prosvetni radnici, dovedeni smo u šizofreno stanje. Ono nas sprečava da obavljamo svoju vaspitnu misiju. To stanje, koje potvrđuju istraživanja u obrazovanju, istrajava zahvaljujući načinu rada koji se ustalio u školi.

Škola je postala institucija kojoj je, paradoksalno, potreban neuspeh da bi funkcionisala. Kvalifikacija i diskvalifikacija su spojene kao dve strane medalje. Bez diskvalifikacije jednih nema kvalifikacije drugih.

Škola stvara probleme, a onda osmišljava i razvija razne mehanizme kojima se bori protiv njih; ali ti mehanizmi su neefikasni, a problemi koje škola treba da otkolini i dalje postoje. Jer je novim zanimanjima koja žive od otklanjanja problema potreban neuspeh da bi opstajala. Tako se stvara začarani krug.

Prikrivena suština

Tako se unutar školskih zidova “tajno odigrava” jedan društveni proces, istovremeno suštinski važan i sramotan: rana selekcija onih kojima će biti uskraćeni “visoki položaji u društvu”. To razvrstavanje se prihvata jer izgleda legitimno.

Legitimnost pod znakom pitanja

Tu legitimnost, u društvenom i pedagoškom smislu, stvara sâmo ponašanje neuspešne dece: ona vrlo rano usvajaju subjektivno uverenje da su odgovorna za to što su im uskraćene neke ugledne škole, smerovi ili odeljenja. Tom prebacivanju odgovornosti sve više su skloni i roditelji.

Škola uspešno obavlja svoj zadatak: ona tera učenike i njihove roditelje da u krajnjoj liniji prihvate na sebe neuspeh koji proizvodi škola. Ali niko od aktera nije svestan te pojave. Učenički roditelji imaju puno poverenje u obećanja koja im daje škola.

Sloboda, bratstvo, jednakost, vrednosti koje ističe škola, okrenute su naopačke selekcijom koja se opravdava tobožnjim obrazovnim značajem: “potreba za ocenjivanjem”, “opravdanost takmičenja”, kažnjavanje. Ovi argumenti, u stvari, pojačavaju društvenu segregaciju tako što uspustavljaju hijerarhiju među znanjima, kulturama i osobama.

Boriti se

Nemoguće je boriti se protiv programiranog neuspeha ugrađenog u školski sistem. Razni vidovi školske prakse služe tom zastranjivanju zato što su u skladu sa onim što nalaže institucija. Tom vrtlogu segregacije uspešno se odupiru same retki aktivisti. Neposlušnost je stoga neizbežna.

Ipak postoje pedagoški postupci koji se ne zasnivaju na selekciji i odeljenja u kojima se ne dosađuje! Gde škola nije “mučenje”! Gde se uči i podučava sa zadovoljstvom. Ali pošto uspeh takvih postupaka može da ugrozi sistem, on sam ne može da ih vrednuje i još manje da ih uključi u sebe. Takva dragocena iskustva ostaju isuviše marginalizovana da bi se šire rasprostranila.

Postoje i pedagoški pokreti koji pokazuju kako bi izgledala škola bez isključivanja i čak teorijski zasnivajuju svoje iskustvo, ali se iz istih razloga njihov uspeh sistematski obezvređuje, a njihovi stavovi se pobijaju, opovrgavaju i iskrivljuju. Kao i svako iskustvo koje može da ugrozi sistem. Osim toga, obrazovanje nastavnika ne organizuje se tako da oni postanu pedagozi, prakričari-istraživači čije se društveno angažovanje sastoji u tome što predlažu “praktične teorije” za obrazovanje u skladu sa potrebama svog radnog mesta. To školu lišava dragocenih modela dobro osmišljene vaspitne delatnosti.

Sa stanovišta demokratije, hitno je potrebno preispitati dosadašnu školsku praksu, inače će javna škola kao takva nestati.

Razgraditi sadašnjost, osmisliti budućnost

Razumeti i protumačiti

da bi se moglo predložiti

Škola se teško oslobađa shvatanja koja su preovladavala ranije, a preovladavaju i danas u našem društvu nejednakosti: eksploatacija čoveka od strane čoveka, porobljavanje, prinudne migracije, razni oblici autoritarnosti, sukobi, ratovi i kolonijalizacija, seksizam, rasizam, etničko razdvajanje, odbijanje istorijskog pluralizma, strah od “drugog”.

Odvažiti se na utopiju predstavlja neophodan uslov za konstrukciju i rekonstrukciju planetarnog društva oslobođenog zabluda iz prošlosti. I to najpre u školi, gde upravo treba preispitivati ona uverenja, stavove i verovanja koji opterećuju budućnost mladih, i zameniti ih predlozima koji imaju veću emancipatorsku vrednost.

Naše utopije u vezi sa uvreženim shvatanjima i stavovima:

Uverenje da je nemoguće izbeći isključivanje, diskriminaciju i nasilje koji vladaju u institucijama Republike. Mi se, naprotiv, zalažemo za to da se stvore uslovi za mešanje kultura, za “kreolizaciju”, kako bi se kroz ljudske priče i pokretljivost pojavila nova dela, novi ideali i novi odnosi. Ponovo povezati istorijske niti i zajednički stvarati budućnost koju ćemo deliti.

Dete koje se smatra slabim, lošim, koje treba korigovati i uspraviti, koje je nerazborito i sklono lenjosti, a koje mogu da usprave jedino autoritet, kažnjavanje i “nulta tolerancija”. Neophodno je promeniti takvo shvatanje deteta, kao i odnos prema školi, učenju i kulturi; omogućiti da se humanističke vrednosti prenose istovremeno sa znanjem; demokratski raditi sa građanima bilo koje kulture bez obzira na njihov identitet, bez izopštavanja, bez uspostavljanja hijerarhije.

Bratstvo se meša sa sažaljenjem, što podstiče i održava pomoć “defavorizovanima” i na taj način pojačava nejednakost i čini je legitimnom. Naprotiv, solidarnošću svih aktera angažovanih u učenju može se izgraditi bratstvo, čije stvaranje sprečavaju formalne i neformalne lekcije koje se neprestano dele.

“Jednake šanse” koje navodno garantuje škola jesu društvena laž. One učvršćuju nepravedni sistem razvijajući osečanje da svako “zaslužuje” svoju sudbinu. One sprečavaju da se neko žali ili da nešto zahteva, pošto je već “učinjeno sve” da bi se svima dala šansa da uspeju! Ta obmana zasniva se na postavci da se uspeh jednih i neuspeh drugih objašnjava urođenim “darom” ili pak ličnom zaslugom.

Mi tvrdimo da takve predstave proističu iz pogrešnog shvatanja razvoja i učenja. I iz činjenice da je teško priznati da se uspeh i neuspeh izgrađuju u društvu. Zbog toga je hitno potrebno da zajedno kritički analiziramo mehanizme društvene diferencijacije i hijerarhizacije; da razumemo i objasnimo nasilje rasprostranjeno u školi i u svim drugim institucijama, a koje pogoduje održavanju nejednakosti.

– Prenošenja znanja sa razumevanjem: to shvatanje primorava učitelje da budu dovoljno umešni da popune prostor koji deli onoga ko ne zna od znanja koja treba da dostigne; to shvatanje opravdava i pojačava nejednakost shvaćenu kao nešto što je dato samo po sebi; posledica je to što potčinjeni odustaju od znanja za koja misle da su im nedostupna.

Naprotiv, treba se uzdati u istraživanje i pedagošku inventivnost da bi se izgradilo bratstvo iz koga će se roditi emancipacija; u uzajamno razumevanje između učenika i ostalih aktera u školi; u solidarnost u učenju; u sposobnosti nastavnika da sprovedu planove koji omogućuju svima da uspeju zajedno.

– “Lepo ponašanje” kao novi vid normiranja. Ono ima za cilj da svakoga usaglasi sa slikom idealizovanog učenika, koji je “po prirodi” tačan, revnostan i vredan, koji svojevoljno učestvuje u životu škole i koji je “srećom” potpuno lišen kritičkog duha!

Nasuprot tome, mi želimo da stvorimo prostor za mišljenje i delatnost gde upitanost izaziva čuđenje, znatiželju i zadovoljstvo u zajedničkom učenju. Potraga za smislom je pokretač svakog vida učenja i put ka sticanju individualne i kolektivne emancipacije.

Uverenje da je takmičenje izvor motivacije, da podstiče učenje, da opravdava napore i žrtve, tako što razdvajaja zadovoljstvo i rad.

Izbegavajući bilo kakvo ukalupljivanje, mi želimo da kroz saradnju ujedinimo zadovoljstvo i rad, da podstičemo otkrivanje, da uvažavamo svačije iskustvo, da negujemo empatiju.

Sistem selekcije koji aktivnost učenika usmerava ka dobijanju dobrih ocena, a ne ka sticanju i utvrđivanju znanja; on tako stvara konkurenciju među učenicima i dovodi u ćorsokak kako učenike iz najširih narodnih slojeva, tako i samu demokratiju.

Preko je potrebno da najzad razdvojimo kontrolu i evaluaciju. Da evaluaciju počnemo da shvatamo kao nešto čime se osmišljava delatnost, i to na osnovu analize pređenog puta i puta koji tek treba preći; da probudimo kritički duh; da osmislimo nastavne situacije koje nastavnicima i učenicima omogućuju da osete koliko je rad važan za učenje, i to rad koji se obavlja u klimi poverenja i bez straha od osude; da cenimo i vrednujemo napor učenika.

Sada kada smo stekli svest i uverenja, potrebno je da činjenično stanje i svoje predloge pretvorimo u dela.

Težnje škole

S utopije na delo

Potrebna nam je ambiciozna škola, koja sve učenika smatra inteligentnim i jednakim.

Škola koja se zasniva na razboritosti i realističnosti: koja se poziva na razboritost nasuprot trenutnoj ljudskoj zbrci i na realističan odnos prema stečenim znanjima i iskustvima. Da bi se postigao uspeh, treba se osloniti na to što je postignuto, kao i na energiju koje se već ispoljava i samo želi da bude dodatno upotrebljena u toj zajedničkoj utopiji, i u oblasti učenja i u oblasti obrazovanja građana.

Škola koja ohrabruje i podstiče znatiželju, čuđenje, duhovitost, neobične događaje, nepredvidljive susrete, stvaranje, intelektualno previranje, nered koji dovodi do novih otkrića, koji daje sigurnost da se prevaziđe strah, da se prihvate nejasnoće i neizvesnost pre nego dogme; da se neprestano podstiče želja za učenjem, da se postavljaju vlastita pitanja i da se ona suočavaju sa tuđim pitanjima, da se odoli svakoj vrsti uticaja.

Škola koja postavlja izazove, probleme koje treba rešiti, teškoće koje treba prevazići: to zahteva da osoba pokrene svoju energiju, inteligenciju i ljudskost, jer tada napor obećava da će se vrata otvoriti, da će se postići nenadani uspeh, da će se znanje unaprediti, da će se steći nove veštine, da će se doživeti neočekivane pustolovine, da će se dostići emancipacija.

Škola koja ne uspostavlja hijerarhiju između nastavnih predmeta, koja odbija podelu na manuelno i intelektualno i koja, naprotiv, u svakoj nastavnoj situaciji ume da iskoristi delovanje ljudskog mišljenja. Škola koja ne nudi sterilna znanja u ime navodne nepristrasnosti, već učenicima osvetljava polemičnu prirodu svakog raskoraka u znanju i mišljenju.

Škola u kojoj se znanje deli sa drugima, u kojoj se sa radošću uči i stvara zajedno, u kojoj se hrabro kroči putevima kojima su išli naši prethodnici i učestvuje u onome što predstoji, a to je zajednička izgradnja i oblikovanje sveta.

Škola u kojoj su svi sposobni, škola koja teži tome da svako postigne najviše što može zahvaljujući saradnji, uzajamnom pomaganju i visokim ciljevima. Škola jednakosti na delu, a ne na rečima.

Naša je odgovornost da izgradimo takvu ambicioznu školu koja sve učenike smatra inteligentnim i jednakim.

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